La décision du gouvernement de supprimer les Aides Personnalisées au Logement (APL) pour les étudiants étrangers extra-communautaires, si elle se confirmait, constituerait une erreur grave, sociale, éducative et politique. Lors du Conseil d’administration de l’Université de Strasbourg, ce 4 novembre, j’ai voté en faveur de la motion présentée par l’AES ( soutenue par l'AFGES) dénonçant cette mesure injuste. Car au-delà du symbole, c’est une vision réductrice et appauvrissante de l’université qui se profile.
Les APL ne sont pas un privilège. Elles permettent à des milliers d’étudiants de se loger décemment, de poursuivre leurs études dans des conditions minimales de stabilité, et de se consacrer pleinement à leur réussite académique. Supprimer ce soutien pour une partie des étudiants, uniquement en raison de leur nationalité, reviendrait à aggraver des situations de précarité déjà critiques.
De nombreux étudiants étrangers cumulent aujourd’hui études exigeantes, emplois précaires et démarches administratives complexes. Leur retirer une aide au logement, c’est fragiliser encore davantage leur équilibre de vie. C’est aussi créer de nouvelles inégalités entre étudiants, au cœur même d’un espace censé être celui du savoir, du partage et de la solidarité.
Les étudiants étrangers ne sont pas un coût : ils sont une chance. Ils participent activement au rayonnement de la France, à son attractivité scientifique et culturelle. Ils font vivre nos campus, nourrissent la diversité intellectuelle de nos formations, et contribuent à la recherche et à l’innovation.
Chaque année, des milliers d’entre eux repartent dans leur pays d’origine en devenant, de fait, des ambassadeurs de la langue française, de notre culture, de nos institutions universitaires. Les exclure d’un dispositif de solidarité, c’est renoncer à cette dynamique d’échanges et d’ouverture qui a toujours fait la force de notre enseignement supérieur.
L’université française a bâti sa réputation sur des principes clairs : l’accès au savoir pour toutes et tous, sans distinction d’origine, de condition ou de nationalité. La mesure annoncée rompt avec cette tradition d’accueil et d’universalité. Elle envoie un message contraire à l’esprit de fraternité et d’équité que nous défendons.
La précarisation d’une partie des étudiants fragilise l’ensemble de la communauté universitaire. Car lorsqu’une catégorie d’étudiants est exclue ou discriminée, c’est toute l’université qui perd de sa cohésion, de sa vitalité et de son humanité.
Pour une université ouverte, inclusive et solidaire
L’université doit demeurer un rempart contre les inégalités sociales, non un amplificateur de fractures. Je m’associe pleinement à la motion adoptée par le Conseil d’administration de l’Université de Strasbourg, qui appelle le gouvernement à revenir sur cette décision et à garantir un accès équitable aux aides étudiantes, quelle que soit la nationalité des bénéficiaires.
J’en appelle solennellement à l’ensemble des parlementaires, en Alsace comme dans le reste du pays, à se saisir de cette question et à défendre, dans l’hémicycle, le principe d’égalité qui fonde notre République et notre service public de l’enseignement supérieur.
Préserver une université ouverte, inclusive et solidaire, c’est préserver ce que la France a de plus précieux : sa capacité à accueillir, à former et à émanciper.
Mohamed SYLLA
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